Traitements du cancer localisé de la prostate
Les stades du cancer localisé de la prostate (Stades T1 et T2) ont plusieurs options de traitement qui pourront être discutées entre le patient et l’urologue en fonction des caractéristiques de la maladie.
La Surveillance active
La surveillance active peut être proposée comme modalité de prise en charge du cancer de la prostate s’ils répondent aux critères précis de cancer localisé et à faible risque d’évolution. Cette option thérapeutique consiste en un examen clinique régulier pour vérifier l’absence d’évolution du cancer : surveillance du PSA, biopsies prostatiques et/ou IRM régulières. En cas d’évolution, le patient se verra proposer une stratégie de traitement du cancer.
L’avantage majeur de cette option thérapeutique est d’éviter ou de retarder les effets secondaires qui caractérisent les traitements médico-chirurgicaux du cancer de la prostate. Un inconvénient est la répétition des biopsies : examen mini-invasif, il reste une opération chirurgicale avec des effets secondaires possibles. L’autre inconvénient de cette stratégie est l’aspect psychologique sur les patients qui peuvent mal vivre l’angoisse de cette surveillance et attente.
Les ultrasons thérapeutiques (HIFU) : le traitement non-invasif, sans incision et sans radiation
Le traitement HIFU (Ultrasons Focalisés à Haute Intensité) consiste à détruire le cancer dans la prostate en détruisant les cellules malades avec des ultrasons focalisés. Une sonde est introduite dans le rectum du patient sous anesthésie rachidienne ou générale : elle permet à la fois de visualiser la prostate et de générer les ultrasons focalisés. Le traitement peut être total (toute la prostate est traitée), partiel (une partie de la prostate est traitée) ou focal (seule la zone de la prostate atteinte par le cancer est traitée). Dans le cas du traitement focal, le médecin déterminera la zone à détruire grâce à la fusion élastique des images de diagnostic (IRM ou biopsies) avec les images échographiques en temps réel permises par la sonde.
Le traitement HIFU dure entre 1h30 et 2h30 et peut être réalisé en ambulatoire ou avec un court séjour à l’hôpital (1 ou 2 nuits). Cette technique non-invasive préserve la qualité de vie des patients en diminuant les effets secondaires associés aux traitements radicaux conventionnels (incontinence et dysfonction érectile).
Le traitement par HIFU peut présenter certains effets indésirables. Si les risques d’incontinence et de dysfonction érectile sont faibles, ils peuvent arriver.
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Focal One® est fabriqué par EDAP TMS. Ce dispositif médical est un produit de santé réglementé qui porte, au titre de cette réglementation, le marquage CE. Focal One® est destiné à la destruction par ultrasons focalisés de haute intensité par voie rectale d’un adénocarcinome localisé de la prostate. Il est impératif de vous référer à votre urologue.
La prostatectomie radicale : l’opération
La prostatectomie radicale (également appelée totale) consiste à enlever chirurgicalement la prostate et les vésicules séminales. Il s’agit d’une chirurgie lourde sous anesthésie générale réalisée par une incision sous l’ombilic (voie ouverte) ou par des petites incisions permettant l’introduction des instruments nécessaires à l’intervention (voie cœlioscopique et/ou assistée par robot). Après le retrait de la prostate dans sa totalité et des vésicules séminales, la vessie est ensuite reliée à l’urètre par une suture.
Le temps d’hospitalisation varie entre 5 et 7 jours, parfois plus.
Le taux de survie de la prostatectomie radicale est supérieur aux autres options thérapeutiques puisqu’il garantit l’éradication du cancer localisé dans la prostate. L’analyse des cellules en post-opératoire pourra déterminer si le cancer est étendu. La durée de la convalescence et le retour à la vie normale dépendent de l’état physique du patient avant traitement et de sa capacité à récupérer après le traitement. Il faut compter au moins 3 à 4 semaines pour récupérer.
A long terme, les effets secondaires principaux sont des troubles sexuels (impossibilité d’avoir ou de maintenir une érection) et l’incontinence (impossibilité de retenir les urines) qui est souvent temporaire et qui régresse progressivement.
A court terme, les complications rares mais possibles inhérentes à l’intervention sont :
- Hémorragie
- Infection urinaire
- Plaie du rectum
- Hématome au niveau de la plaie
La radiothérapie externe : le traitement par les rayons
Le patient reçoit des rayons à forte dose ciblés sur la prostate. Ces rayons vont détruire les cellules en provocant des lésions dans leur ADN.
Le traitement est fractionné en environ 40 séances réparties sur 6 à 8 semaines à raison de 5 jours par semaine. Au cours des séances qui durent environ 20 minutes, le patient reste immobile sur la table de traitement et la machine délivre les rayons sans provoquer de douleur chez le patient.
La radiothérapie externe évite une anesthésie générale et une chirurgie avec les complications possibles associées. L’inconvénient majeur est qu’il sera impossible de faire une chirurgie en cas d’échec de la radiothérapie.
Il existe un risque d’impuissance à long terme (impossibilité d’avoir ou de maintenir une érection). A court terme, les complications possibles sont :
- Irritation cutanée
- Fatigue
- Irritation de la vessie
- Troubles digestifs
- Diarrhées et sang dans les aisselles
La curiethérapie ou brachythérapie : l’implantation de grains radioactifs
La curiethérapie consiste à implanter un nombre important de petits grains radioactifs (entre 50 et 100) de manière temporaire ou permanente dans la prostate. Ces grains émettent des rayons en continu qui vont détruire les cellules de la prostate en provoquant des lésions dans leur ADN. L’intervention est réalisée sous anesthésie générale ou rachianesthésie. Une sonde urinaire est posée et une sonde endorectale est introduite dans le rectum pour visualiser la prostate et réaliser en temps réel la planification et la dosimétrie en 3D. Le chirurgien place ensuite les grains radioactifs en implantant des aiguilles par le périnée à travers une grille d’implantation, guidé par l’échographie. Les grains agissent ensuite par émission radioactive sur quelques millimètres.
La durée d’hospitalisation est souvent de 2 jours mais peut varier selon le type de traitement prévu et la manière dont il est planifié. Une préparation rectale (lavement) peut-être nécessaire au préalable de l’intervention. Les rayons étant directement placés à proximité de la tumeur, voir dedans.
L’avantage de cette technique est que la plus forte dose est délivrée là où c’est nécessaire, limitant ainsi la dose donnée aux organes avoisinants réduisant ainsi les effets secondaires associés. Même si la radioactivité diminue au fil du temps et avec la distance, un inconvénient sera de respecter quelques précautions dans les premières semaines de traitement.
Les effets secondaires immédiats sont un hématome au niveau du périnée (zone d’insertion des aiguilles), la présence de sang dans les urines et la fatigue. Plus tardivement, le patient pourra constater des troubles de l’érection et/ou une diminution de la quantité de sperme ou encore des troubles urinaires.
La cryothérapie : le traitement par le froid
La cryothérapie est une technique qui vise à geler la prostate en y introduisant des aiguilles qui vont générer des températures inférieures à 0°C. L’opération est réalisée sous anesthésie rachidienne ou générale. La prostate est repérée par une sonde d’échographie endorectale, son volume est ainsi évalué. Les aiguilles destinées à délivrer le froid seront ensuite placées selon une cartographie précise à travers le périnée. Un cathéter urétral est placé jusque dans la vessie pour protéger l’urètre et le sphincter urinaire des lésions induites par le froid.
La durée d’hospitalisation est de 48h environ.
La cryothérapie détruit les tissus mais conserve les trames protéiques ce qui favorise la cicatrisation. Cependant, il est important de bien poser l’indication et de déterminer avec précision la taille et le volume de la zone à traiter ainsi que de bien calculer les marges. S’il reste des cellules tumorales en périphérie de la zone congelée, ces cellules trouvent alors le milieu idéal pour proliférer.
La principale complication reste l’impuissance (impossibilité d’avoir ou de maintenir une érection).
Les traitements du cancer avancé de la prostate
L’hormonothérapie : le traitement par les hormones
L’hormonothérapie consiste à bloquer l’action stimulante de la testostérone (hormone stéroïdienne) sur les cellules cancéreuses pour stopper le développement du cancer ou pour atténuer la douleur ou les symptômes liés au cancer (traitement palliatif).
Les médicaments sont le plus souvent administrés par voie orale, injectés sous la peau ou en intramusculaire.
Lorsqu’un cancer est avancé, elle constitue un moyen efficace de contrôle du cancer. Elle contribue également à réduire certains symptômes du cancer tels que les symptômes urinaires et les douleurs liées aux métastases. Elle peut être utilisée en combinaison d’autres traitements pour les rendre plus efficaces. L’inconvénient majeur de l’hormonothérapie est qu’elle peut ralentir la croissance du cancer mais ne peut le guérir. De plus, ses effets sont d’une durée limitée variable selon les patients.
Les effets indésirables liés au traitement sont listés ci-dessous :
- Bouffées de chaleur
- Troubles de l’érection
- Baisse de la libido
- Prise de poids
- Diminution de la masse osseuse
- Gonflement et sensibilité de la poitrine
- Irritabilité
La chimiothérapie
La chimiothérapie est utilisée pour traiter les patients qui présentent une résistance aux hormones. La chimiothérapie diminue la croissance tumorale et peut diminuer les douleurs liées au cancer. Elle consiste en l’administration de médicaments qui agissent sur les cellules cancéreuses pour les détruire ou les empêcher de se multiplier.
La majorité des médicaments utilisés sont administrés par voie intraveineuse, ou par voie orale. Les séances peuvent se dérouler soit en hospitalisation classique, soit en hôpital de jour ou encore à domicile. La fréquence des séances et la durée du traitement dépendront du cancer.
La chimiothérapie est un traitement efficace qui peut être utilisée seule ou en association avec d’autres approches thérapeutiques (chirurgie ou radiothérapie..). En détruisant les cellules cancéreuses, la chimiothérapie s’attaque aussi aux cellules saines et affecte ainsi tout le système immunitaire du patient.
Les effets secondaires les plus fréquents et les plus connus sont :
- Modification de la formule sanguine (diminution de certains globules blancs, globules rouges et plaquettes)
- Troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhée, constipation…)
- Chute des cheveux
- Fatigue
La radiothérapie : le traitement par les rayons
En cas de cancer métastatique, la radiothérapie permettra de soulager les symptômes et de contenir la propagation de la maladie.
Pour en savoir plus sur les traitements du cancer de la prostate: © Les traitements des cancers de la prostate, collection Guides patients Cancer info, INCa, octobre 2016 (document téléchargeable sur e-cancer.fr).